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Snow Therapy

Snow Therapy

Film suédois de Ruben Östlund, 2014

 

Prenez un couple et ses deux enfants. Mettez-les en vacances aux sports d’hiver. Intégrez une avalanche. Observez, écoutez alors ce que cela produit…. Et comment cela résonne en vous…

Le séjour à la neige (dans une station des Alpes françaises) s’annonce plutôt bien. Tomas va pouvoir se déconnecter de sa vie professionnelle et se consacrer à sa famille, ce qui n’est pas pour déplaire à Ebba, son épouse. Hôtel luxueux, belles pistes de ski, tous les ingrédients sont là pour augurer d’une semaine ressourçante.

snowtherapy_avalanche

2e jour de vacances. Temps magnifique. Déjeuner en terrasse d’un restaurant d’altitude.

On entend régulièrement les détonations des systèmes de déclenchement d’avalanches. Un brin angoissant. Une avalanche prend naissance sous les yeux des touristes. On filme, on prend des photos, c’est impressionnant. Tomas rassure Ebba : « Ne t’inquiète pas, ils savent ce qu’ils font, ce sont des avalanches maîtrisées ».

 

Oui mais, grosse panique lorsque la déferlante arrive droit sur eux.

Ebba prend les enfants, ne peut les porter seule, appelle Tomas… qu’elle voit attraper ses gants et son portable et, contre toute attente, partir en courant…
Écran blanc. Silence.

Long silence au bout duquel lentement, l’épais rideau blanc se lève, laissant apparaître, encore embrumés dans un voile de poudreuse, les touristes secoués, abasourdis, qui regagnent leur table. Pas de dégâts. Du moins en apparence. Ni corporels, ni matériels. Juste une belle frayeur. Mais ensuite ?… Pourquoi Tomas a-t-il eu cette réaction de fuite face au danger qui les menaçait tous ?… Il revient auprès des siens. Mais l’incompréhension et le sentiment d’abandon ont eu le temps de s’installer chez Ebba pour qui cet épisode va tourner à l’obsession.

 

Lorsqu’ils évoquent avec des amis cet évènement qui aurait pu tourner au drame, Tomas refuse la version d’Ebba, il ne s’y reconnaît pas, il n’a pas vécu cela.

Tomas se retranche derrière : « tout le monde va bien, tout s’est bien terminé ». Ça n’est pas suffisant pour Ebba qui va, sur le temps du séjour, le pousser à voir la réalité en face, à reconnaître son acte et même davantage puisque Tomas, non sans douleur,  finira par avouer à sa femme (et à lui-même) que non seulement il a été lâche mais il lui a menti et l’a trompée. Il lui faudra affronter une nouvelle scène où plane le danger pour parvenir à se débarrasser de ses démons, ses peurs, ses lâchetés. Pour se réhabiliter, à ses propres yeux comme à ceux de sa femme ou de ses enfants.

Snow Therapy se déroule sur cinq journées piquées de moments de suspens, balayées de quelques courants d’angoisse, traversées de contrastes entre la froide blancheur extérieure et l’ambiance chaude et feutrée de l’hôtel. Cinq journées marquées par de nombreuses scènes qui prennent leur temps, qui s’installent à l’écran comme elles s’installent en nous pour mieux nous interroger. On citera les pointes d’humour qui viennent agréablement arrondir l’histoire. Il y a aussi le regard curieux du technicien de surface qui suit, de son étage, l’évolution du couple et la crise de Tomas. Et puis les questionnements soulevés par la vie libertine de l’une des amies du couple, ou celle d’un quarantenaire avec une fille de vingt ans sa cadette.

Quelques invraisemblances sont cependant à noter, comme les pistes de ski désertes et les couloirs vides de l’hôtel alors que la saison touristique est censée battre son plein (avec toutefois la conséquence que le spectateur est au plus près des personnages), la sortie en famille par un temps de brouillard à couper au couteau, la conduite irresponsable du chauffeur de car qui ne sait pas négocier un virage de haute montagne… Malgré cela, Ruben Ostlund offre de beaux sujets (ou pistes… on est en montagne ! ) de réflexion.

Comment est-on capable de réagir en situation extrême ? Quelle place alors donne-t-on à l’autre par rapport à soi ? Que provoque en nous le sentiment violent et déstabilisant d’être en danger ? Lâcheté ? Héroïsme ?

            snowtherapy_famille

Ou bien ni l’un, ni l’autre. Seulement peut-être la justesse du bon sens qui nous fait regarder, bien  au-delà de nous-même, vers ceux que l’on aime et que l’on n’a pas envie de perdre…

 

 

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