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Le temps de l’aventure

Le temps de l’aventure

Un film de Jérôme Bonnell (2013)

 Le temps du désir. Le temps d’une journée pour s’offrir le cadeau d’une rencontre, d’une histoire qui se décline sur le ton du sentiment. Une belle invitation à entrer dans une page pleine de charme.

En préambule, on suit Alix –Emmanuelle Devos– dans les méandres des coulisses d’un théâtre de Calais où elle est en tournée, jusqu’au moment de son entrée en scène. C’est le moment, elle y va, elle se jette sur les planches comme elle va se jeter dans cette aventure, comme elle va nous entraîner dans son histoire : avec fougue, avec force, avec passion. L’histoire va se dérouler sur la journée du lendemain.

Réveil matinal pour se rendre à une audition à Paris

Le train. Des échanges de regards avec un inconnu –Gabriel Byrne– assis quelques fauteuils plus loin dans la rangée. A la fin du voyage, Alix apprend par hasard la destination de l’inconnu, un anglais de passage à Paris. Les éléments sont en place. Eléments auxquels s’ajoutent une audition qui ne laisse rien augurer de bon, un téléphone qui n’a plus de batterie et une carte bancaire qui ne permet plus de retirer d’argent pour cause de compte à découvert. Et puis il y a Antoine, son ami, injoignable malgré les appels répétés qu’elle passe depuis des cabines téléphoniques et qui, immanquablement, lui renvoient le message du répondeur.

Tout se dérobe. Alix vacille, elle ne sait plus

Et c’est là qu’étrangement, les obstacles auxquels elle a à faire face se révèlent générateurs d’un espace de liberté. La liberté de se laisser emporter par l’idée d’une possible rencontre : Alix pense à l’inconnu du train. Elle a une adresse, elle sait où elle peut le trouver. Elle se lance, l’aventure démarre.

Alix part à la rencontre de cet homme, elle le cherche. Obstinément. Avec audace

Une audace discrète, quelquefois maladroite, auréolée d’un trouble qui lui fait battre le cœur trop vite.

Elle retrouve l’inconnu du train et l’émotion est au rendez-vous. Une émotion partagée, forte, belle, sincère, habilement chorégraphiée dans un univers de tendresse et de complicité qui s’installe naturellement entre les deux personnages et les fait évoluer dans une sorte de parenthèse emplie de pudeur et de respect mutuels.

Dans Le temps de l’aventure, il y a le temps qui joue son rôle

Il encadre et rythme la journée d’Alix. Ce sont les horaires des trains : celui du matin, ceux de l’après-midi qu’elle va manquer et celui qui peut lui permettre d’arriver à l’heure pour la représentation du soir au théâtre de Calais. C’est aussi l’heure de son audition du matin, l’heure du déjeuner qu’elle devait partager avec sa mère mais auquel elle ne se rendra pas. Le temps d’Alix est chronométré, minuté. Alors elle n’en perd pas une miette. On la sent vivre chaque seconde avec intensité, elle s’accroche à chaque instant pour mieux s’épanouir dans cette aventure à laquelle elle s’offre avec une pointe de gourmandise.

Le temps de l’aventure, c’est aussi quelques scènes desquelles l’humour n’est pas absent

Le film est en effet ponctué de quelques moments drôles, décalés, qui déclenchent de francs éclats de rire et tranchent avec une couleur de fond sentimentale voire romantique. Que l’on rie ou que l’on se laisse porter par les sentiments, on se sent décidément bien dans ce film.

Jérôme Bonnell, le réalisateur, a donné à Emmanuelle Devos un joli rôle de femme qui va jusqu’au bout de son désir, qui choisit de ne pas laisser passer la possibilité d’une belle histoire et qui, au contraire, décide de la vivre pleinement en partageant ses sentiments, dans un bel élan de spontanéité et d’authenticité. Gabriel Byrne, lui, est profondément touchant dans le rôle de cet homme, intrigué puis délicieusement troublé par le charme d’Alix, et qui caresse l’idée de l’inviter à le rejoindre dans son univers, en Angleterre.

Quant au spectateur, il se laisse embarquer dans l’aventure,
entre raison et émotion,
le temps du film
et sans doute au-delà…

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